LA REPUBLIQUE DE GUINEE



GUINEE
GUINEECNK


Vue d'ensemble

La Guinée dispose d’un potentiel économique considérable, varié et inexploité. Pourtant, le pays peine à décoller. La croissance économique est structurellement faible et lente, avec des poussées inflationnistes. D’autre part, le pays est frappé de plein fouet par la crise pétrolière (2007/08), alimentaire (2008) et la crise financière (2009). 
Ce pays s’est engagé sur la période 1985-2002 dans un processus de libéralisation et de transformation économique : il a permis une croissance réelle moyenne du PIB de 4 % par an sur la période (soit un accroissement de 0.8 % du revenu par habitant), tout en stabilisant les prix et le taux de change. 
Après des dérapages dans la mise en œuvre des réformes entre 2003-06, qui ont abouti à une baisse du revenu par habitant de 0.6 %, le marasme économique s'est amplifié en 2007 sous l’effet de la crise mondiale. L’inflation est remontée à plus de 22 %, associée à la dépréciation de la monnaie (18 %). 
Il s’en est suivi une détérioration des conditions de vie des populations : elle traduit la hausse de l’incidence de la pauvreté de 49.1 % en 2002/03 à 53 % en 2007/08. Face aux difficultés, la Guinée a lancé la mise en œuvre depuis 2007 de réformes au titre de sa deuxième stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP 2), appuyée par la facilité de réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) du FMI et les interventions des autres partenaires techniques et financiers (PTF).
Les réformes ont porté leurs fruits en 2008 en dépit d’un contexte international difficile : les investissements (publics  et privés) ont augmenté  de 14 %. La croissance s’est accélérée de  1.8 % en 2007 à  4.9 % en 2008. Elle est tirée par l’amélioration des termes de l’échange résultant de l’envolée des cours des matières premières minières et de la baisse des prix du pétrole.
L’assainissement du cadre macro-économique et des finances publiques, la réhabilitation des principales infrastructures de transport et de production ont favorisé l’entrée de nouveaux opérateurs dans les secteurs porteurs (agriculture, mines et construction).  Le produit intérieur brut (PIB) réel par habitant a augmenté de 375.6 USD en 2007 à 382 USD en 2008, l’inflation a baissé de 4 points de base. 
L’atteinte du point d’achèvement au titre de l’initiative PPTE, un enjeu de taille presque réalisé à la fin de 2008, a été finalement reportée en 2010 suite à l’avènement du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), le 23 décembre 2008. Le CNDD est le groupe de militaires qui a pris le pouvoir à la mort du président Lansana Conté.  
La conjoncture économique en 2009 a été marquée par la crise socio-politique à l’origine des événements de septembre 2009 (massacre de manifestants par le régime militaire) et de décembre 2009 (tentative d’assassinat de Moussa Dadis Camara, le chef de la junte) qui a abouti à une nouvelle transition politique à partir de janvier 2010.
Ces crises, reflet de la mal-gouvernance, sont les conséquences de la rupture de dialogue, i) au plan interne entre acteurs politiques autour d’un consensus sur la stratégie de conclure un pacte républicain pour faire face aux défis et enjeux majeurs du pays et, ii)au plan externe, avec les partenaires techniques et financiers. Globalement, l’instabilité politique n’a pas facilité la mise en œuvre de deux cycles de DSRP (2001-06 et 2007-10) et n’a pas permis de réaliser des progrès sensibles dans l’atteinte des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 
C’est dans ce contexte d’incertitude politique et économique que se sont conclus les accords de Ouagadougou : ces derniers servent de base à la reprise du dialogue inter-guinéen pour une transition politique apaisée vers des élections libres, ouvertes, équitables et transparentes en 2010. 
L’objectif global de la feuille de route économique et politique de la transition 2009/10 vise le renforcement du dialogue social et politique inter-guinéen devant conduire à un nouvel ordre constitutionnel, au retour des forces de défense et de sécurité (FDS) dans les casernes et à leur conversion en une force républicaine au service de la paix, de la démocratie et du développement.
Cet objectif se décline en trois sous-objectifs spécifiques : i) organiser des élections libres, transparentes et crédibles, ii) mettre en œuvre le programme de base de la réforme des FDS  et, iii) renforcer  les acquis des mesures prises entre 2007/2009 au titre de la mise en œuvre du DSRP, de la FRPC et de l’initiative PPTE, dans le cadre d’un programme économique minimum d’urgence (PEMU).  

Développements économiques récents et perspectives

Estimations des auteurs sur la base des données des autorités locales
2009 : estimations; 2010 et années suivantes : prévisions
L’année 2009 a marqué le début de la transition politique vers les premières élections libres et transparentes de l’histoire de la Guinée dans un contexte de tensions internes. Au plan économique, en raison de la crise économique et financière mondiale, le pays est confronté à la chute brutale des prix de l’aluminium de plus de 40 %, principal dérivé des exportations du pays.
Le taux de croissance du PIB réel est estimé à  0.6 % en 2009, correspondant à une chute importante du revenu réel par habitant de 2.6 %.
Le secteur agricole enregistre une croissance de 3.2 % contre 2 % au secteur tertiaire. La croissance du secteur secondaire (-1.8 %) et celle des droits indirects  (-1.9 %) ont été les principales sources de recul de la croissance de l’économie en 2009. 
Plus spécifiquement, l’agriculture et l’élevage ont bénéficié de l’attention du gouvernement, appuyé par les partenaires au développement en matière de réformes, de moyens techniques agricoles et d’intrants. En particulier l’encadrement du commerce agricole a permis de réguler l’offre des produits locaux et de stabiliser les prix. Parallèlement, les importations du riz ont bénéficié du soutien du gouvernement.
Au cours du troisième trimestre, le commerce agricole transfrontalier a repris. S’agissant du secteur minier, le recul de la production de 5 % en 2009 (contre  plus 14.2 % en 2008), est dû principalement  à la chute des cours de la bauxite, de 40 %, et au ralentissement de la croissance du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), de 7.5 % en 2008 à  1 % en 2009, qui ont précipité le recul de la croissance dans le secteur secondaire.
Le ralentissement a été limité par les efforts d’assainissement et de contrôle dans le secteur minier d’une part, la réhabilitation des casernes et des universités et la mise en œuvre du programme minimum d’urgence « eau et électricité pour tous » d’autre part. L’impact de la régression du secteur secondaire sur la contraction du volume des importations a induit la baisse des droits et taxes indirects (moins 1.9 %). 
La réduction de la demande intérieure  (moins 5.3 % en 2009), marquée par les difficultés des secteurs des mines et des constructions, a affecté le niveau de l’activité économique et celui des importations de biens et services en 2009. L’attentisme observé après la chute brutale des cours de l’aluminium, consécutive aux effets de la crise financière internationale, a eu pour effet de réduire la formation brute du capital du secteur privé de 14.6 %. 
La baisse a été quelque peu compensée par la variation de stock et la croissance de l’investissement public (plus de 26.6 %) en infrastructures et  équipements collectifs (eau et électricité en particulier). L’augmentation de la consommation s’est effectuée dans un contexte de morosité marqué par les tensions sur les prix alimentaires (le prix du riz en particulier) et l’instabilité sociale.
La croissance résiduelle du PIB est attribuée au solde extérieur caractérisé par une baisse accélérée des importations (-7.2 %) contre -3.7 % aux exportations de biens et services, des évolutions essentiellement dues à la crise financière, à  la baisse des moyens de l’État.
De bonnes perspectives s’annoncent en 2010 et surtout en 2011 avec le retour à un nouvel ordre constitutionnel, la restauration de la confiance avec les partenaires au développement et le renforcement de la stabilité dans la sous-région.
Ces efforts contribueront à améliorer le climat des affaires et l’attractivité de l’investissement en Guinée. Le signal déterminant viendrait de la reprise dans les pays de l’OCDE, du redressement économique dans les pays émergents, asiatiques en particulier, et d'une détente accrue sur les marchés miniers.
Les prix de l’aluminium remonteront progressivement. La reprise dans le secteur minier aura des effets d’entraînement sur les secteurs liés (construction, services, impôts indirects) mais aussi sur les investissements directs étrangers dans des secteurs agricoles, d’infrastructures et d’équipements collectifs (communication et énergie).
En 2009, les investissements directs étrangers ne représentaient plus que 7 % de leur niveau de 2008 évalué à 434 millions EUR. Les autorités de la transition envisagent de relancer le forum économique sur les investissements privés en Guinée tout en tirant les leçons des études de la Banque mondiale sur la facilité des affaires et la restructuration du secteur minier.
Dopée par la demande extérieure et la conjoncture internationale, la croissance devrait s’accélérer avec l’appui des ressorts intérieurs : l’émergence d’une demande intérieure, le maintien d’un cadre macro-économique sain soutenu par la promotion de la  bonne gouvernance, la poursuite de la réforme des finances publiques et la mobilisation accrue des ressources publiques.
L’assainissement du secteur monétaire à travers une politique rigoureuse en matière de création monétaire et de gestion des avoirs extérieurs devra faciliter le paiement du service de la dette et l’apurement des arriérés envers les principaux partenaires au développement dont le réengagement sera nécessaire pour renforcer l’accalmie sur le front social. Les flux financiers nets se sont effondrés avec le retrait des partenaires financiers. 
Sur le marché des changes, une plus grande visibilité dans la reconstitution et la gestion des avoirs extérieurs contribuera à la régulation du marché et au soutien des importations des secteurs porteurs de croissance (intrants agricoles et produits alimentaires – riz et sucre -, secteur minier, infrastructures et énergie).
Les économies de devises sont nécessaires aux importations de produits pétroliers dont la distribution connaît déjà des perturbations. Le gouvernement a procédé à une augmentation de 30 % des prix des produits pétroliers à la pompe sur toute l’étendue du territoire, mise en vigueur depuis le 1er mars 2010. Parallèlement, les salaires des fonctionnaires ont été augmentés de plus de 50 %. 
La paix sociale renforcée par une politique de lutte contre la pauvreté en matière de décentralisation, de micro-finance aura un impact certain sur la croissance en particulier dans les secteurs vivriers, de l’élevage, de la pêche artisanale et de l’orpaillage. Ces premières mesures dans le court terme enverraient des signaux positifs pour la reprise du dialogue sur les conditions d’atteinte du point d’achèvement au titre de l’initiative PPTE.
Les projections prévoient une accélération de la croissance de 0.6 % en 2009 à  4.3 % en 2010, avec une consolidation à 4.5 % en 2011. 

Politiques macro-économiques

Les objectifs macro-économiques sur la période comprennent : i) une croissance de 5 % par an à partir de 2010 découlant d’un taux d’investissement de 28 % du PIB; une inflation à un chiffre limitée à 8 % et une variation de 10 % du taux de change par rapport au dollar en réduisant la prime de change, ii) le solde extérieur devrait croître au rythme de 4 %, iii) la monnaie devrait converger vers la croissance du PIB nominal autour de 15 % par an, le crédit au secteur privé limité au rythme du PIB réel. 
Ces objectifs sont soumis à la contrainte du solde primaire de base de 3.5 % du PIB et de trois mois d’importations pour les réserves internationales. Les projections convergent vers ces objectifs de base dont les réalisations dépendent des politiques économiques à mener sur la période considérée 2010/11, en particulier le maintien d’un cadre macro-économique sain avec des politiques prudentes en matière de finances publiques et la poursuite des réformes structurelles en matière de transparence budgétaire, de sécurisation des ressources publiques et d’amélioration du climat des affaires.

Politique budgétaire

La chute de la croissance à 0.6 % en 2009, consécutive à la crise financière, a conduit à une baisse des recettes fiscales et à la sécurisation des dépenses publiques en faveur des infrastructures et de la lutte contre la pauvreté. Les priorités du gouvernement portent : i) sur une mobilisation accrue des ressources de l’État basée sur l’efficacité fiscale à travers le contrôle et le renforcement de l’administration fiscale en raison de la faible croissance et, à défaut, d’un élargissement à court terme de l’assiette fiscale, et ii)sur la réduction du niveau de vie de l’Etat et l’utilisation rationnelle des ressources publiques dans la transparence de l’exécution des procédures budgétaires. Face aux difficultés dues à la faible demande mondiale de produits miniers en 2009, le solde primaire a diminué en 2009. 
La gouvernance fiscale, axe prioritaire de mobilisation des ressources, a privilégié les contrôles fiscaux et les contraintes liées aux dépenses fiscales en matière d’exonérations. La mobilisation des recettes fiscales demeure une préoccupation majeure : le ratio est durablement inférieur de 2.5 points au niveau moyen des pays dits « Etats fragiles d’Afrique » et à celui des pays de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine).
Les dépenses publiques progressent, avec un accent particulier mis sur les  dépenses sociales, les dépenses d’infrastructures (eau, électricité et réhabilitation des casernes) et les paiements d’intérêts qui, malgré leur niveau relativement faible, représentent le double des dépenses en capital en 2009. 
Des dépenses d’infrastructures prévues au titre de l’année 2008, mais reportées en raison de la hausse des prix pétroliers et de la crise financière, ont été prises en charge en 2009, en particulier celles liées à la réhabilitation des centrales électriques.
Le niveau des dépenses publiques est inférieur de 3 à 5 points à celui des Etats fragiles et des pays de l’UEMOA. Le pays a enregistré un solde primaire hors dons et intérêts de 0.7 % contre le double en 2008 et un déficit global de 1.5 % du PIB légèrement supérieur au niveau de 2008.
La Guinée se comporte un peu mieux par rapport aux pays de la sous-région : elle pourrait consolider davantage sa performance. La gestion du budget s’est effectuée sans accroissement de la pression fiscale.
A moyen terme, le gouvernement envisage d’augmenter légèrement le taux de la pression fiscale, à commencer par 2010 et 2011, avec la révision de la fiscalité minière et pétrolière et  l’élargissement de l’assiette fiscale. Le renforcement de la gouvernance fiscale restera une préoccupation majeure avec le renforcement des capacités de l’administration fiscale, la simplification du système fiscal, l’amélioration du rendement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en particulier dans le secteur moderne et des grandes entreprises.
Des retombées positives résulteront de la modernisation de l’État et de la structuration des petites et moyennes entreprises (PME) et du secteur informel, des perspectives de croissance plus fortes en 2010 et 2011, de l’assainissement des finances publiques en général et de l’amélioration de la qualité de la dépense publique en particulier avec le concours des partenaires techniques et financiers. 
Un plan d’amélioration de la gestion des finances publiques a été conçu et sa mise en œuvre sera  au centre du dialogue post-électoral avec les partenaires au développement.

Politique monétaire

La politique monétaire est élaborée et menée par la Banque centrale de la République de Guinée (BCGR) en étroite collaboration avec le ministre de l’Economie et des Finances, assisté par des comités de surveillance des prix, des changes, des banques et de la micro-finance. La BCGR, qui ne bénéficie que d’une relative autonomie, a joué un rôle déterminant dans tout le processus de réformes et de transformation économique et financière que le pays a connu.
Le secteur monétaire est caractérisé par un taux moyen de liquidité de l’économie (exprimée par la masse monétaire en pourcentage du PIB) de  23 % entre 2006-09 contre 15 % entre 2002-05 et par une surliquidité qui limite son efficacité dans la lutte contre l’inflation et la dépréciation de la monnaie ainsi que pour le financement approprié de l’économie.
La période 2003-06 a été particulièrement marquée par des difficultés dues au relâchement des réformes et caractérisée par le financement monétaire inconsidéré des déficits publics, la pratique de taux de change multiples suivie de l’érosion des avoirs extérieurs (1 mois d’importations contre un objectif de 3 à 4 mois). 
Les mesures prises entre 2007/08 au titre de la FRPC ont permis de contenir les dérapages. Entre 2007 et 2008, la croissance de la masse monétaire associée à la baisse de la vitesse de circulation de la monnaie a été en moyenne de 21.5 % pour converger vers la croissance moyenne du PIB nominal (18 %).
 En 2009, les avoirs extérieurs nets ont reculé en moyenne mensuelle sous l’influence de la chute des prix et des revenus à l’exportation et la base monétaire a diminué sous l’effet d’un relèvement des réserves des banques et d’une demande croissante de monnaie fiduciaire pour des raisons de précaution en période d’instabilité socio-politique.  
Le crédit au secteur privé a augmenté de 2.4 % plus rapidement que le crédit au secteur public (1 %) mais n’en représente que 38 %. Sur une base mensuelle, la base monétaire et le crédit au secteur privé ont contribué à l’accroissement moyen de 0.8 % de la masse monétaire, dont la modification de structure au profit des dépôts bancaires traduit la manifestation de confiance dans le système bancaire. 
Une telle évolution marque l’intérêt et la détermination des autorités monétaires à maintenir le cap des réformes et renforce l’idée de l’indépendance de la BCRG, surtout dans un contexte caractérisé par des tensions inflationnistes et des pressions sur la monnaie dans la phase actuelle de transition politique.
Pour la période 2010/11, l’objectif principal de la politique monétaire demeure le maintien du cadre et de la poursuite des mesures de la FRPC, en vue, d’une part, du renforcement de la stabilité des prix, de la monnaie et du système financier et, d’autre part, de la création d’un environnement favorable à la reconstitution des réserves de change et au développement d’instruments de financement du secteur privé, en particulier à travers la réforme du secteur de la micro-finance. 
A cette fin, la BCRG assurera le contrôle de la liquidité en vue de parvenir aux réalisations intermédiaires que sont : la reconstitution des réserves de change à 1 mois puis 3 à 4 mois d’importations ; la croissance de l’offre de monnaie (15 % en moyenne) au rythme du PIB nominal, une inflation réduite à un chiffre, limitée et la variation du taux de change dans un serpent de 15 %. Ainsi, la politique monétaire sera encadrée par les critères de performance de la FRPC et les critères de convergence de la ZMAO (Zone monétaire d’Afrique de l’Ouest).  

Position extérieure

La balance commerciale de la Guinée est structurellement excédentaire, surtout en 2008 du fait de l’impact des investissements de réhabilitation et de renouvellement des équipements dans le secteur minier. La structure du commerce extérieur (de biens) est dominée à l’exportation par le secteur minier (15 % du PIB), composée principalement de la bauxite (le tiers des réserves mondiales environ) qui représente en moyenne jusqu’en 2008, 60 % des recettes d’exportation et 20 % des recettes fiscales. A l’importation, la structure se compose ainsi : biens intermédiaires et d’équipement (33.5 %), produits alimentaires et autres consommations (24 %), produits pétroliers (11.9 %).
Les exportations de services (13.8 %) et les importations de services (30.5 %) sont respectivement, la troisième source de revenu d’exportation avant les produits agricoles et le premier poste de dépenses à l’importation.
Depuis 2009, avec l’effondrement des cours de l’aluminium de plus de 40 %, l’or a pris le relais pour devenir la première source de revenu à l’exportation (plus de 48 %) contre 29 % à la bauxite. 
Au total, les exportations de biens en valeur (fob) ont régressé de 11.9 % en 2009 contre une hausse de 17 % en 2008 et  11.8 % en 2007, correspondant à un recul de 5.5 points de pourcentage du PIB en 2009. Les importations en valeur sont passées de 25.5 % du PIB à 22 %. La balance commerciale perd 2 points et contribue à aggraver le déficit de la balance des comptes courants qui passe de 6.9 % à 9.3 % du PIB.
L’absence de concours extérieurs due à la crise financière et politique a renforcé l’accumulation de déficit de la balance des paiements et contribué à l’épuisement des réserves brutes internationales qui sont passées de 1.1 mois d’importations en 2008 à moins d’un mois en 2009. La détente sur le marché de produits miniers et le regain d’activité dans une période de transition apaisée sont de nature à relancer les investissements à travers la mise en œuvre de grands projets d’exploitation minière à des fins d’exportation en 2010 et 2011. 
Avec l’hypothèse d’une stabilité des cours de l’or et du diamant d’une part, et d’une légère hausse, comparée à la tendance à la baisse, des cours de l’aluminium observée déjà depuis plus d’une décennie d’autre part, les projections retiennent une légère amélioration de la balance commerciale en 2010. 
Le déficit des services devrait s’accentuer légèrement en lien étroit avec la reprise de l’activité économique et les importations du secteur minier et au total, le déficit des comptes courants pourrait enregistrer un léger repli en 2010.
 Il est vraisemblable que si les autorités décident d’accélérer le processus de croissance dans un nouveau climat d’apaisement, l’effet d’entropie pourrait entraîner un déficit plus important de la balance courante à partir de 2011. 
 Les autorités devront créer les conditions favorables à la mobilisation accrue des financements extérieurs sous forme d’investissements directs étrangers et d’aide au développement. Une politique monétaire plus stricte contribuerait à la stabilité financière et à la reconstitution des réserves à un niveau compatible avec la stabilité de la monnaie et du change (3 à 4 mois d’importations). 
Un important ballon d’oxygène devrait venir de l’atteinte du point d’achèvement, dans le cadre de l’initiative PPTE à laquelle le pays est éligible depuis 2003. Cette cible est reportée depuis 2008. Le pays fait face à un lourd fardeau de la dette extérieure, dont le stock (encours et arriérés) est estimé à 3.05 milliards EUR (66.8 % du PIB) en 2009 contre 3.11 milliards EUR (68.8 % du PIB) en 2008. 
La dette est essentiellement publique et multilatérale (65 %). Les arriérés accumulés représentent 10 % environ du stock entre 2008/09. Le service de la dette extérieure est estimé à 196.2 millions EUR, 18 % des exportations de biens et services, soit une hausse de 2 points par rapport à 2008. 
La situation d’endettement devrait pouvoir se stabiliser dans les 18 prochains mois pour éviter l'accumulation d’arriérés. L’évolution de la situation politique offre de bonnes perspectives pour la restauration de la confiance réciproque et pour la reprise des négociations avec la communauté internationale en vue de la mise en œuvre du DSRP et de la poursuite des réformes dans le prolongement de la FRPC en 2010 et 2011. 
Le principal défi au plan économique porte sur l’accélération de l’atteinte du point d’achèvement en vue de l’éligibilité aux ressources de l’IADM. Sur le plan de la coopération régionale, la Guinée devra également faire face à ses obligations au titre de son appartenance à la Cedeao, à l’Union du fleuve Mano (UEFM), et à la deuxième zone monétaire (ZMAO). La Cedeao soutient les pays membres dans la négociation des accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne. 
Des projets d’intégration dans le secteur de l’agriculture irriguée, des infrastructures, en particulier dans le secteur des transports et de l’énergie, visant le renforcement, l’intégration et la sécurité alimentaire et énergétique, sont en cours d’identification et de préparation conjointe avec les partenaires au développement pour un déploiement entre 2010-14. 
Au plan de la stabilité macro-économique et financière, au titre de la convergence la Guinée devra améliorer ses faibles performances. Sur les années 2007-09,  le pays n’a rempli que deux critères par groupe de critères, soit au total quatre sur les dix critères retenus.

Questions structurelles

Développement du secteur privé

La Guinée est considérée comme un État fragile, confronté à une faible capacité de mise en œuvre des réformes institutionnelles et structurelles, pourtant nécessaires à l’accélération de la croissance et de la lutte contre la pauvreté.
Les principales réformes menées depuis 2007, au titre du DSRP et de la FRPC ont porté sur : i) le renforcement de la gestion des finances publiques, de la monnaie et des changes, ii) la sécurisation des recettes minières et fiscales à travers l’engagement envers le dispositif de l’initiative sur la transparence des industries extractives (ITIE), iii) la moralisation de la vie économique et sociale et le renforcement de l’obligation de rendre compte à travers des audits et la lutte contre la corruption, iv) l’amélioration du climat des affaires du secteur privé, v) l’appui à la décentralisation. A ces actions s’ajoutent la réforme des forces de défense et de sécurité, du secteur de la justice et l’organisation d’élections qui doivent être libres, ouvertes et équitables, transparentes et crédibles. 
Le gouvernement s’est engagé à renforcer la transparence et la gouvernance dans le secteur public, à partir des leçons tirées des difficultés de la période 2003-06, suivie de la mise en œuvre de la FRPC en 2007/08. Le gouvernement s’est engagé à maintenir un cadre macro-économique sain et à lutter contre la pauvreté et le chômage à travers une meilleure utilisation des ressources publiques en vue d’accroître l’efficacité des dépenses publiques.
Un plan stratégique pluriannuel a été adopté en 2008 : il est assorti d’un programme d’actions prioritaires, suivi de la mise en œuvre des recommandations des audits de la plupart des ministères dont ceux des secteurs prioritaires du DSRP. Le cadre des dépenses à moyen terme (CDMT), instrument de programmation pluriannuelle, s’améliore comme cadre de hiérarchisation et de rationalisation des activités entre les secteurs prioritaires du DSRP, suivi de l’adoption des règles de gestion et de contrôle budgétaires (nomenclature simplifiée et détaillée, chaîne informatisée, circuit intégré de comptabilité au niveau central et délocalisé, code des marchés publics, renforcement du contrôle, des audits et de la transparence, établissement des lois de règlements).
La gestion de la trésorerie connaît une nouvelle orientation avec l’adoption de la gestion du budget sur base caisse, la mise à disposition mensuelle des crédits budgétaires et la suppression du financement monétaire du budget par la banque centrale au profit des bons du trésor. L’efficacité de la gestion budgétaire dépend de la capacité de mobilisation accrue de ressources intérieures et extérieures.
L’équipement et le renforcement de l’efficacité de l’administration fiscale et douanière dotée de contrats de performance par période, ont donné des résultats satisfaisants en 2008 et en 2009. Ces mesures sont appuyées par des activités de contrôles fiscaux, de réduction des exonérations et par l’inspection de la collecte des revenus publics dans les secteurs miniers, forestiers, de la pêche et du domaine.

Autres développements récents

Depuis 2006, la Guinée a pris des mesures au titre de l’ITIE et du processus de Kimberley qui ont permis de financer des investissements dans le secteur minier. S’agissant du système financier, la gestion de la liquidité, des opérations de crédit et l’observation des normes et ratios de gestion, suivies de la libéralisation du régime de change et de la mise en place du marché interbancaire de devises ont contribué à la réduction de la prime de change sur le marché parallèle, à la reconstitution, ou tout du moins à la sécurisation des réserves.
Les réformes de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) se poursuivent avec l’adoption des normes internationales, l’application des dispositifs fixés pour la réorganisation des changes et l’examen de nouveaux statuts de la BCGR. Ces mesures devraient,  entre autres, renforcer sa gouvernance interne (comptabilité, gestion financière et contrôle interne) et son autonomie. 
La Guinée a bénéficié dans le cadre de la ZMAO de l’appui des partenaires dont le Groupe de la Banque, pour la modernisation des moyens de paiements internationaux. Le projet est en cours d’exécution avancée. 
Les privatisations effectuées au début des années 2000 sont désormais renforcées par des mesures visant à améliorer le climat des affaires du secteur privé. L’étude sur la facilité des affaires de la Banque mondiale « Facilité des affaires » 2008-10 fait état des progrès réalisés par le pays passant du 173e rang au 171e sur 180 pays entre 2007 et 2008 et au 173e rang sur 183 en 2009. 
Sur les 11 rubriques, des réformes menées entre 2008 et 2009 : i) ont été satisfaisantes dans 6 cas (la facilité des affaires, l’embauche des travailleurs, le commerce international transfrontalier, les procédures de faillite et de fermeture d’entreprises, l’enregistrement et le transfert de propriété et l’exécution des contrats), ii) juste mitigées dans trois cas (création d’entreprises, protection des investisseurs, paiement des taxes et impôts), et iii) elles méritent d’être suivies et renforcées dans deux cas où les effets ne sont pas encore perceptibles (accès au crédit et gestion des permis et octroi de licences). 
Les résultats sont globalement satisfaisants dans les secteurs bénéficiaires des investissements : secteur minier, agro-industrie, habitat et équipements collectifs (télécommunications, énergie) 
Des mesures ont été prises dans les domaines de la compétitivité et du système judiciaire. La révision annoncée concernant les contrats miniers vise le recours aux meilleures pratiques internationales en la matière et la mise en place d’une fiscalité minière incitative.
S’agissant en particulier du secteur minier, le gouvernement entend renforcer la transparence et l’inspection en collaboration étroite avec les partenaires au développement et au titre de son implication dans le cadre de l’initiative de transparence des industries extractives (ITIE). 
Avec la mise en place d’un ministère chargé du secteur privé, le plan d’actions assorti d’un système de suivi et d’évaluation des pairs, sera au centre du dialogue avec les partenaires conformément aux recommandations des études Fias, de l'Edic et des conclusions des rapports de compétitivité et de facilité des affaires. Le budget de l’État est désormais sécurisé à partir de 2008 contre les dérapages de gestion financière des entreprises publiques ou à participation majoritaire de l’État, particulièrement dans le secteur des équipements collectifs (télécommunications, eau et énergie). 
Le pays devra développer des efforts sur les questions de gouvernance politique, de réforme de la justice et des forces de défense et de sécurité. Les crises socio-politiques limitent les effets des politiques structurelles.
Les questions de gouvernance et de sécurité, questions qui conditionnent l'action de la plupart des partenaires techniques et financiers, sont particulièrement abordées avec l’Union africaine (UA) et la Cedeao d’une part, avec les agences des Nations Unies et les partenaires bilatéraux d’autre part. La réforme du secteur judiciaire, dont l’étude a été menée avec l’appui de l’Union européenne, devrait constituer l’une des priorités de la feuille de route de la transition.
Des actions quotidiennes du gouvernement, des concertations entre parties prenantes (État, justice, banque et opérateurs) sont développées pour créer le cadre favorable à l’exploitation du potentiel économique de la Guinée. La moralisation de la vie publique, l’un des objectifs prioritaires du gouvernement, devrait être poursuivie à travers des missions d’audits dans les secteurs d’activités contrôlés par l’État. 
Des mesures sont prévues dans le plan d’action minimum de bonne gouvernance (2007-10) mis en place par l’Agence nationale de lutte contre la corruption (ANLC). Le processus s’est accéléré en 2009 au plan institutionnel.
La Guinée passe de 173e rang au 168e rang dans l’échelle de l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Depuis 2009, le pays se prépare à organiser les premières élections libres, ouvertes, multipartites et transparentes de son histoire.

Mobilisation des ressources publiques

Le financement durable de la croissance et du développement est un défi majeur pour l’économie guinéenne : une économie vulnérable et fragile, exposée aux aléas de la conjoncture internationale. Sa structure est caractérisée par une base étroite de production et d’investissement dominée par un secteur minier d’extraction essentiellement primaire, cohabitant avec un secteur informel relativement important. Les ressources fiscales sont une composante essentielle de l’enjeu du financement.
Le système fiscal de la Guinée est celui d’une économie en cours de monétarisation et en pleine restructuration. Les catégories d’impôts et taxes les plus importantes sont : les taxes sur biens et services (60 % environ des recettes fiscales), suivies des transactions sur le commerce extérieur (24 %) et des impôts sur le revenu et les bénéfices (14 % en moyenne).
Les impôts sur le patrimoine (0.2 %) et les autres recettes fiscales (1.2 %) comptent peu, comparés aux recettes non fiscales (7 % des recettes courantes). Sur les trois dernières années 2006-08, les principales taxes spécifiques comprennent : la taxe sur la valeur ajoutée (TVA : 4.3 % du PIB), la taxe sur les produits miniers (TSPM : 3.5 % du PIB), la taxe sur les produits pétroliers (TSPP : 0.7 % du PIB) et la taxe sur le commerce international (2.8 %), qui représentent à elles seules 12 % environ du PIB en 2008, soit plus de 80 % des recettes fiscales.
Compte tenu de l’intégration des activités économiques et de la ramification de la taxation à travers les catégories (titres ci-dessus cités), la base fiscale repose principalement sur trois secteurs en 2008 : les mines (26.5 % des recettes fiscales), le commerce extérieur (16 %) et le pétrole (14 %).
Le système fiscal a connu trois phases de réformes en 1990, 1995 et 2005 avec l’adoption du code des investissements qui marque le processus de libéralisation de l’économie avec l’introduction de la TVA en 1995, la révision du code des investissements en 1997, la séparation de la fonction de collecte des impôts et de la fonction du trésor et la création de la direction nationale des impôts, l’introduction de la TVA au taux unique de 18 % en 2005 suivie de l’adoption du tarif extérieur commun de l’UEMOA, le renforcement de l’administration fiscale et douanière et l’audit des exonérations non planifiées d’impôts et de douane, en vue de leur suppression.
S’agissant des mesures incitatives et d’exonérations, le gouvernement a adopté des dispositifs spécifiques contenus dans le code général des impôts, dans le code d’investissements et le code minier. Les premières réformes ont donné des résultats satisfaisants. Malgré les difficultés tenant à l’histoire, aux conditions initiales de développement du pays, la structure fiscale est restée relativement simple et stable sur une longue période avec une inversion entre la fiscalité minière et non-minière, entre les impôts directs et indirects et entre la fiscalité de porte et la fiscalité intérieure.
Avant 1995, la structure fiscale était dominée par le secteur minier avec 60 % des recettes (soit 8.4 % du PIB) au titre des taxes spéciales sur les produits miniers (TSPM). En 2008, la fiscalité minière ne représente plus que 25 % des revenus de l’État, soit 3 % du PIB.
Ce recul est lié à la baisse tendancielle des cours internationaux de l’aluminium et aux effets de la crise économique et financière mondiale qui ont renforcé la position des autres produits miniers et pierres précieuses (or, diamant), élevage et commerce, particulièrement en 2009. 
Cependant, les recettes fiscales (totales et spécifiques) ont globalement affiché une tendance à la hausse, avec des taux de croissance supérieurs à ceux du PIB nominal (de 12.2 %) sur la période 1995-2008, à l’exception du secteur minier, du secteur pétrolier et des droits d’accises.
Ce résultat est confirmé par l’analyse de la stabilité et de la performance des taxes qui montrent que les élasticité-revenus des recettes fiscales sont relativement stables sur la période 1995-2008 : elles sont supérieures de façon significative à l’unité, sauf pour le secteur minier et des hydrocarbures.
Le faible niveau des recettes budgétaires (aussi en comparaison avec les pays de l’UEMOA et les Etats fragiles) montre bien que beaucoup reste encore à faire et leur tendance à la hausse confirme l’existence d’un potentiel fiscal à capter et à valoriser.
Les contraintes sont multiples et relèvent des effets de la conjoncture économique, du faible niveau de revenus et de son profil de distribution, des faibles capacités de l’administration (de l’administration fiscale en particulier) et enfin de la mal-gouvernance. 
La plate-forme des réformes de la FRPC conclues en 2007/08 constitue une base pour les autorités en vue de la reprise rapide du dialogue avec les partenaires au développement en particulier sur les questions fiscales.
L’enjeu porte sur la mise en place d’un système efficient d’incitations favorable à une mobilisation accrue des ressources fiscales pour faire face aux dépenses prioritaires de lutte contre la pauvreté (dans la recherche de l’équité) mais aussi pour attirer davantage d’investissements porteurs de croissance (pour l’efficacité économique).
Les principaux défis en vue de cet objectif résident dans la détermination de taux appropriés de taxation dans la perspective d’accélération de la croissance et dans la construction d’une administration fiscale moderne et efficace, véritable pôle financier pour la collecte de l’impôt.
A court terme, les autorités devront déployer des efforts à partir de 2010 pour : i) réunir les conditions de la stabilité socio-politique, condition préalable à la mise en œuvre des politiques économiques, ii) renouer avec les partenaires au développement en vue de l’accélération des réformes au niveau de la restauration du cadre macro-économique (stabilité des prix, du change et reconstitution des avoirs extérieurs), iii) réexaminer les conditions de développement post-crise du secteur minier en relation avec tous les investissements potentiels dans ce secteur, iv) s’impliquer davantage en honorant les engagements de l’État guinéen au titre de l’initiative pour la transparence des industries extractives en vue de renforcer la gouvernance financière, enfin v) promouvoir une stratégie appropriée de communication pour réduire l’incivisme fiscal et poursuivre les contrôles fiscaux.
Les perspectives sont prometteuses avec le retour de l’accalmie sur le front socio-politique et avec la progression de la reprise économique dans les pays de l’OCDE et dans les pays émergents. Les autorités devront également tirer des leçons des pratiques dans les pays où les taux de pression fiscale sont relativement élevés, sans pour autant pénaliser l’investissement et la consommation.
Des mesures prises jusqu’ici seront renforcées : les indicateurs de  performance en matière d’accès aux marchés, en particulier l’indice de restriction du commerce (IRC) qui mesure à la fois l’accès au marché et l’impact des tarifs imposés par la Guinée, a connu une stabilité (13.4) et traduit l’engagement du gouvernement à réaliser une ouverture relativement plus grande de l’économie et des échanges.
La Guinée ne connaît pas d’obstacles à l’accélération de son intégration dans la sous-région avec les pays de l’UEMOA, ainsi que dans la deuxième zone économique ZMAO en cours de construction. La Guinée, qui applique déjà le tarif extérieur commun de l’UEMOA, n’anticipe pas de moins-values fiscales compte tenu du gain en matière de commerce agricole. Par ailleurs, le pays bénéficie toujours du système des préférences généralisées (SPG) et de l'Agoa en attendant la conclusion des APE avec l’UE sur une base régionale avec la Cedeao.
A moyen  terme, avec l’appui des partenaires, les autorités devront : i) poursuivre l’amélioration du cadre des affaires du secteur privé, ii) procéder à la  revue du système d’incitations pour accélérer la diversification des sources de croissance en direction du secteur agricole et, iii) faire face aux dysfonctionnements du système fiscal, à savoir : le risque de surtaxe, la forte perception de la corruption, le manque de transparence dans les octrois d’exonérations établies à 3 % du PIB, la lenteur et le coût élevé des procédures fiscales, la multiplicité des instruments fiscaux et l’opacité dans la diffusion et le traitement de l’information fiscale.
Toutes ces questions seront au centre du dialogue qui sera approfondi avec les partenaires au développement sur la période 2010/11. Les mesures seront essentiellement orientées vers : i) l’amélioration de la gouvernance et de l’environnement des affaires, ii) la mise en place d’une assistance technique multisectorielle et d’un système d’incitations (contrat de performances soutenu) pour l’administration fiscale et financière, assorti de sanctions en cas de contre-performances, iii) la suppression effective des exonérations et exemptions de droits injustifiées en ne conservant que celles qui ont une incidence effective à auditer de façon régulière.  
Le défi de la mobilisation des ressources est d’abord celui de la transition fiscale qui consiste à développer une fiscalité robuste dans ses composantes indirecte intérieure et directe (la TVA en particulier) au profit de la fiscalité de porte. Mais il est également nécessaire de renforcer sa capacité à mobiliser des ressources non-fiscales, à travers les redevances et concessions (9 % des recettes fiscales en 2008), les dons (2.4 % des recettes fiscales).
Les autorités ont un défi de taille à relever pour réaliser les critères au titre de l’atteinte du point d’achèvement nécessaire pour bénéficier des ressources de l’IADM. Le pays dispose d’un potentiel considérable mais il possède les caractéristiques des pays pauvres.
De bonnes perspectives existent dans le cadre du partenariat public-privé pour le développement des infrastructures et la promotion de grands projets dans le secteur des équipements collectifs (énergie, eau et télécommunications). Le pays peut également compter sur les Guinéens de la diaspora en dépit des effets de la crise en s’inspirant de l’expérience des pays qui ont développé un système « neutre » appuyé d’incitations (le Cap-Vert, le Ghana, le Mali et le Maroc). 
Dans la plupart des pays, il est établi que les transferts des travailleurs sont équivalents sinon supérieurs aux transferts reçus au titre de l’aide publique au développement. 

Contexte politique

La faiblesse de la gouvernance et des institutions publiques et la non-séparation des pouvoirs ont affecté l’environnement des affaires et limité les chances de croissance et de réduction de la pauvreté. La situation socio-politique s’améliore et les perspectives à moyen terme, à l’horizon 2011, sont prometteuses si la classe politique décide de construire dès cette transition un consensus sur les réformes politiques majeures. Celles qui doivent être menées à bien d’ici aux élections libres, démocratiques et transparentes. La situation s'améliorera également si le pays continue de bénéficier de la mobilisation effective des institutions africaines (UA, Cedeao et médiation africaine), de l’Union européenne et de la communauté internationale dans son ensemble.
Depuis les réformes économiques des années 1986-2002 et les dérapages de 2003/06, la situation politique est caractérisée d’une part, par la non application des règles de droit et de contrôle de la corruption, et d’autre part, par l’absence de leadership éclairé autour des questions essentielles de consensus républicain et démocratique pour faire face aux défis majeurs de croissance et de lutte contre la pauvreté dans un pays qui dispose d’un potentiel économique considérable, très peu exploité.
Sur les dix dernières années, en particulier, les indicateurs de gouvernance institutionnelle (processus politique, efficacité du gouvernement et du service public, État de droit et qualité de la réglementation, perception de la corruption) figurent parmi les plus faibles de la sous-région. L’indice de perception de la corruption classe la Guinée dans le dernier quintile sur plus de dix ans.
La mauvaise gestion politique du processus démocratique (des élections en particulier de 1998, 2001/02 et celles initialement attendues en 2009) ajoutée aux effets des diverses crises politiques (2006/07, 2009) et militaires de la sous-région ont fini par dégrader la situation politique : ils ont entretenu des tensions périodiques entre d’une part, la classe politique dominée par la majorité présidentielle et, d’autre part une opposition non organisée (composée essentiellement du mouvement social, syndical et des relais de la classe politique, aux intérêts divergents). L’opposition est donc réduite au silence. Elle a été régulièrement exposée à la violence d’État, particulièrement entre 2007 et 2009.
Les indicateurs politiques de la Guinée, dont les niveaux se sont  détériorés en 2009 de 1 à 4 points, présentent de mauvais scores comparés à ceux de la sous-région (ZMAO, UEMOA et Cedeao). Le pays est entré dans une crise politique alimentée par les anticipations de toutes les parties prenantes qui vivaient déjà dans l’expectative d’un changement de régime.
La prise de pouvoir par le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) le 23 décembre 2008, à la mort du président Lansana Conté et sa gestion difficile de la transition politique en 2009, face à un mouvement social résolument tourné vers le progrès démocratique, ont fini par marquer un tournant décisif vers un climat d’apaisement devant conduire à des élections libres, ouvertes et équitables, démocratiques et multipartites, transparentes et crédibles en 2010 et auxquelles ne participera aucun acteur de la transition.
Depuis janvier 2010, de nouvelles autorités de la transition ont été installées pour conduire le processus, avec pour mission : i) d’organiser des élections pour un retour à un nouvel ordre constitutionnel, ii) d’adopter et de mettre en œuvre une stratégie de réformes et de conversion des forces de défense de la sécurité en des forces républicaines et professionnalisées, iii) de prendre des mesures visant le renforcement de la stabilité des prix, de la monnaie et des finances publiques ; et de créer au plan économique les conditions favorables au réengagement des partenaires au développement.
Le climat politique se normalise avec une gouvernance consensuelle, d’union nationale, paritaire et neutre. La réconciliation est en mouvement, le clivage pouvoir/opposition a fait place à l’association « autorités de la transition et classe politique ».
Les autorités de la transition affirment « ne pas s’accrocher au pouvoir » et déclarent  « vouloir poser des actes allant dans le sens de l'apaisement, de l'unité de tous les Guinéens, de la refondation de l’État et de son système politique ».
Le paysage politique est occupé par une centaine de formations politiques d’envergure et de courants divers, dont les agendas politiques ne sont pas visibles à moyen terme. Les formations n’ont pas suffisamment communiqué aux populations leurs systèmes de valeurs, leurs choix politiques et le modèle de société qu’elles proposent.
Le CNDD et le gouvernement d’union nationale de transition (Gunt) seront assistés par un Conseil national de transition (CNT) dans un rôle consultatif et législatif pour la révision des textes électoraux. Le défi collectif pour les gouvernants et les acteurs politiques consiste à renforcer le climat de paix pour des élections libres, équitables et apaisées et à codifier les règles et mécanismes qui aideront les formations politiques à développer des stratégies de communication conformes aux principes d'une démocratie apaisée. Le défi porte également sur la nécessité de créer les conditions pour la promotion de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, facteur de stabilité, de croissance et de lutte contre la pauvreté.

Le 07 novembre 2010, à la suite du second tour de l'élection présidentielle, Alpha Condé a été élu avec 52, 52 % des votes et est devenu le premier président élu après des élections ouvertes.  Il a nommé comme premier ministre Mohamed Saïd Fofana, un opérateur économique et homme politique. ( A noter que cette partie en gras ne figure pas dans le texte original car celui a été écrit avant la tenue de ces élections. c'est un complément d'information.)

Contexte social et développement des ressources humaines

La population de la Guinée était estimée à 10.28 millions en 2008. Elle dépassera les 11 millions à l’horizon 2011, avec un taux de croissance de 3.2 % par an et un taux de fécondité de 5.4 enfants par femme, en baisse mais largement supérieur à la moyenne régionale de 4.6.
Le pays est confronté à un défi de population : urbaine à 34.4 %, jeune (moins de 20 ans) à 50 % environ, elle est active à 48 %. Face à la précarité des infrastructures et des emplois, la demande sociale et l’instabilité politique constituent de véritables défis pour le gouvernement et la classe politique. 
En effet, malgré le potentiel économique considérable de la Guinée, le pays est paradoxalement pauvre : le revenu réel par habitant régresse de près de 1 % par an, l’incidence de la pauvreté est de 55 % environ (au seuil national en 2008), contre 49 % deux ans plus tôt ;  près de 70 % de la population vit avec moins d' un dollar par jour et par personne avec de fortes inégalités de revenu : le rapport entre le décile supérieur de consommation et le décile inférieur s’élargit.
Le taux de croissance du PIB réel est passé de 4.9 % en 2008 à 0.6 % en 2009, soit une baisse de revenu réel par habitant de 2.6 % par an en 2009. L’indice du développement humain, publié par le Pnud, progresse de 1.6 % par an mais la Guinée est restée au 160e rang sur 177, au niveau de la moyenne de l’Afrique de l’Ouest.
 Depuis plusieurs années, l’inflation est restée supérieure à 20 %  sous l’effet de l’excès de monnaie d’une part, et de la hausse des prix des produits alimentaires et pétroliers en 2007 et 2008 : au point que le pays a dû bénéficier de l’appui des partenaires au développement au titre de la réponse à la crise alimentaire et de l’aide humanitaire. 
Les indicateurs de bien-être, d’éducation et de santé sont précaires et souvent inférieurs à la moyenne régionale.  Les services sociaux de base sont dans un état de satisfaction relativement bas : cette situation, qui n’a pas changé lors des dix dernières années, peut s’aggraver si la priorité n’est pas portée sur la stabilité, l’ouverture et les questions de développement. 
L’état de dénuement de la population, ajouté à l’état de délabrement des infrastructures (habitat, transport, énergie, eau et télécommunications) constitue un véritable défi dans un contexte d’instabilité politique, économique, monétaire. Les moyens requis pour soutenir le processus de croissance accélérée sont à l’échelle d’un véritable « plan Marshall » guinéen. 
Dans le domaine de l’éducation, la Guinée a déployé des efforts au profit du secteur de l’enseignement primaire, de la parité fille/garçon et de l’équilibre entre régions et localités. Le taux brut de scolarisation (TBS) a augmenté de 20 points sur la période 2001/09, passant de 62 % à 82 %. L’amélioration est plus prononcée chez les filles avec une progression de 5 % par an, de 51 % à 73 %. L’indice de parité filles/garçons a augmenté de 0.66 à 0.81 sur la période. 
Le taux d’achèvement du cycle primaire est passé de 27 % à 62 %. La réalisation d’un taux brut de scolarisation de 100 % et l’obtention de l’égalité entre les deux sexes à l’horizon 2015 sont des objectifs réalistes qui seront atteints. Pour les années à venir, les autorités, dans le cadre du DSR2, envisagent de mettre l’accent sur : i) l’amélioration de la qualité de l’enseignement, de la couverture et de l’accès (renforcement des infrastructures et du rapport maître/élèves), et ii) sur la réhabilitation des infrastructures et l’orientation des programmes pour le renforcement de l’employabilité dans les autres ordres d’enseignement (secondaire, supérieur, l’enseignement technique et la formation professionnelle), facteur de croissance et de compétitivité.
L'espérance de vie en Guinée est de 56 ans. Elle a gagné deux ans depuis 2004. Mais le bilan des performances reste mitigé dans le domaine de la santé. Sur une décennie, la mortalité infantile a reculé de 7 points et la mortalité infanto-juvénile de 14 points en milieu urbain, tandis qu’en milieu rural, les résultats sont préoccupants : les taux de mortalité infantile, infanto-juvénile et maternelle sont encore élevés (118 pour 1 000, 204 pour 1 000 et 980 pour 100 000 respectivement). 
Sur le plan de la prévention, le taux de couverture vaccinale est en hausse même si des disparités persistent selon les régions et le milieu de résidence, d’où la persistance et l’extension de certaines maladies endémiques. La forte prévalence du VIH/Sida connue sur la période 1996-2001 a amorcé une tendance à la baisse (de 2.8 % en 2001 à 1.5 % en 2009). 
Les femmes sont les plus touchées dans un ratio de 2.1 femmes pour 1 homme. Le gouvernement a pris des mesures pour renforcer la surveillance épidémiologique, le dépistage volontaire, la prévention de la transmission mère-enfant et pour améliorer l’accès aux médicaments antirétroviraux avec la réduction par 20 du coût du traitement. 
A l'avenir, le gouvernement s’est engagé à rendre le traitement antirétroviral gratuit, de même que le suivi biologique et la prise en charge des infections opportunistes. Le gouvernement envisage également de maintenir une veille et sa détermination à faire face aux maladies endémiques (paludisme, tuberculose). Ces maladies continuent d’être des problèmes de santé publique et résultent dans certains cas des mauvaises conditions d’hygiène : 25.9 % des ménages guinéens ne disposent pas de toilettes et utilisent des latrines ou fosses mal conçues. Seulement 7.7 % des ménages sont branchés au réseau public d’eau potable.
 La Guinée compte une multitude de cours d’eau et connaît une des plus fortes pluviométries de la sous-région : ce pays est surnommé le « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest ». Toutefois, les réformes structurelles et institutionnelles tant souhaitées dans le secteur (eau et assainissement) peinent à se mettre en place et le taux de desserte reste largement inférieur à la moyenne régionale : 19 % pour l’électricité et 35 % pour l’eau potable avec une dotation qui est passée de 47 litres par jour et par personne à 7 litres depuis 2005.  


SOURCE: Africonseil (dont est issus ce texte)
        Plus d'information ici: le portail de la guinée (sur Wikipédia)

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